Mercredi 31 janvier 2024 : Phnom Penh
Rencontre avec le passé tragique du Cambodge orchestré par les Khmers Rouges sous Pol Pot. Deux visites émouvantes, le lycée Tuol Sleng, transformé en une prison d'Etat nommée S-21 et Choeung Ek (The Killing Fiels), un champ d'exécution et de charniers pour les prisonniers du régime.
Le 17 avril 1975, après plusieurs années de guerre civile, Phnom Penh tombe aux mains des Kmers rouges. La purge est en marche, orchestrée par Pol Pot.
Les Kmers rouges veulent ruraliser le pays, ils vident les villes, ferment les écoles. Le Cambodge devient un immense camp de travail forcé où famines et épidémies font leur oeuvre. A cela s'ajoutent la torture, les exécutions sommaires. Les opposants, les intellectuels sont arrêtés, torturés et tués. Tout le monde est soupçonné. Ils massacrent, ils exterminent.
L'horreur prendra fin en 1979 avec l'invasion vietnamienne. Près de 2 millions de personnes auront été assassinées en moins de 4 ans.
Pour éviter d'affronter la circulation de Phnom Penh, nous prenons un tuktuk pour effectuer ces deux visites.
Le Tuol Sleng Génocide Museum.
Tout de suite après avoir fait évacuer Phnom Penh, Pol Pot transforme le lycée Tuol Sleng, construit sous le Protectorat français, en une prison d'Etat nommée S-21. Les ennemis de l'Angkar y sont emprisonnés et torturés pour obtenir de faux aveux. La majorité des personnes déportés à S-21 ne savent même pas ce qu'on leur reproche. L'arrestation est en soit une preuve suffisante de leur culpabilité. Il ne reste plus qu'à leur soutirer des aveux pour signer leur arrêt de mort.
Pour faire ces visites, nous avons pris un audio guide très intéressant.
Les 14 tombes, de 14 personnes retrouvées à la libération du camp.
Les salles de classes des bâtiments du lycée transformées en cellules et en salle d'interrogatoire.
Dans la prison, les conditions sont abominables. Les prisonniers sont enchaînés par dizaines, incapables de bouger et allongés à même le sol. Le moindre mouvement, le moindre bruit et les surveillants les battent pendant des heures.
Les anciennes salles de classe servent alors de salle de tortue et de cellules collectives dans lesquelles des dizaines de détenus étaient enfermés dans des conditions inhumaines.
Salles d'interrogatoire
Bureau pour signer les aveux
Des barbelés qui servaient à empêcher les suicides.
Alors qu'initialement cette structure servait de portique de gymnastique aux lycéens, elle est devenue un outil de torture.
A gauche : Pol Pot. A droite : Duch, le directeur de la prison.
Au matin du 17 avril 1975, les soldats des Forces armées populaires de libération nationale du Kampuché (FAPLNK, khmères rouges) entrent dans Phnom Penh. Dans l'après-midi, l'ordre d'évacuation de la capitale commence à être mis à exécution.
L'objectif de Pol Pot est simple : créer une société basée sur le modèle communiste sans classe, ni religion, capable de fabriquer ses propres ressources afin de vivre en autarcie. Une société dirigée par un parti unique, l'Angkar qui signifie " l'organisation ".
L'Angkar compte s'appuyer sur un peuple soumis, travailleur et courageux. Sous prétecte d'éventuelles représailles américaines, Pol Pot vide les villes. Des milliers de Cambodgiens doivent quitter leur habitation pour rejoindre des " villages de travail " dans les campagnes et travailler dans les champs.
En 24h les principales villes du pays sont désertées.
Les règlements de la prison.
Le " peuple nouveau " doit être purifié de tout élément déviant qui pourrait présenter une menace. Les Khmers pourchassent tous les ennemis du régime : les partisans du précédent gouvernement, les étrangers, les expatriés rentrés au pays et jugés suspects, les étudiants, les médecins, les professeurs, les artistes ... Le simple fait de porter des lunettes ou d'avoir les ongles propres signifie qu'on est intellectuel. Une preuve suffisante pour être arrêté et tué.
Une salle entière est consacrée aux photos de ces femmes et de ces hommes arrêtés, torturés et exécutés.
Jeunes enrolés de force par les khmers puis arrêtés ensuite.
En tant que prison du comité central, S-21 accueille tout particulièrement les anciens cadres khmers rouges disgraciés : entre 14 000 et 20 000 personnes environ, dont quelques 1 200 enfants, y trouvent la mort, avec parfois plusieurs exécutions par jour.
Une salle où les détenus étaient entassés, allongés par terre avec les pieds attachés à de longues barres de fer par des anneaux en fonte. Une quarantaine de personnes par salle.
Cellules individuelles au plus prêt des salles d'interrogatoires.
Les murs des salles de classe ont été percé pour faciliter la circulation.
Le monument du recueil
Sur 17 000 personnes déportées à S-21, seulement 7 survécurent. Trois d'entre eux sont présents pour vendre le livre racontant chacun leur histoire.
Après plus de deux heures de visite, nous retrouvons notre chauffeur pour rejoindre la deuxième visite.
On a bien fait de ne pas prendre nos vélos ... il faut vraiment être habitué pour conduire dans cette jungle.
Choeung Ek (The Killing Fiels) était le principal lieu d'exécution et charnier de prisonniers des Kmers rouges de Phnom Penh. Il se trouve à 17kms au sud-ouest de Phnom Penh et s'étend sur deux hectares.
Une fois que les prisonniers ont avoué, Duch, le directeur de la prison signe leurs aveux, les envoyant immédiatement dans l'un des champs d'exécution, les killing fields, en périphérie de la ville où ils y sont exécutés. Pas de balle, ça coûte trop cher. Ils sont battus à mort avec des crosses de fusils, tués à coup de bâton, marteau sur la tête, puis jetés parfois encore vivants dans les fosses communes.
Le Supa où ont été recueillis les 8 985 ossements et crânes retrouvés.
Ossuaire dans le mausolée du Stupa
Une fosse avec pas moins de 400 corps trouvés.
Les fosses communes qui ont été fouillées.
Chaque mois, les employés du " Killing Field " amassent les vêtements et os ayant ressurgi des fosses communes avec la pluie ou l'érosion. Ceux-ci sont visibles lors de notre visite.
Une fosse non fouillée. Il n'y a plus de place dans l'ossuaire.
Les vêtements que l'on trouve toujours.
Partant du principe que " pour détruire la mauvaise herbe il ne suffit pas de l'arracher, il faut la déraciner ", les Khmers rouges éliminent des familles entières incluant les bébés afin d'éviter toute tentaive de vengeance.
Sur cet arbre, les bébés sont empoignés par les pieds et leur tête fracassée pour être ensuite lancés dans la fosse commune attenante où leurs mères avaient elles aussi été massacrées.
Monument à la mémoire des victimes
Après cette deuxième visite avec encore pas mal d'émotion, nous rentrons à notre hôtel.
Notre chauffeur conduisant comme un malade ... du moins sous l'emprise de quelques bières.
Après avoir mangé dans un petit restaurant en face de l'hôtel, Anne-Marie va se faire couper les cheveux. Opération : lutte des poux continue.
L'après-midi nous la consacrons ... à la sieste.
Jeudi 1 février 2024 : Phnom Penh
Visite du palais royal de Phnom Penh.
Le palais royal de Phnom Penh est un complexe de bâtiments qui sert de résidence au roi du Cambodge.
Les rois du Cambodge l'occupent depuis sa construction en 1860. Le palais a été construit après que le roi Norodom 1er eut déménagé la capitale royale d'Oudong à Phnom Penh. Il est situé sur la rive occidentale du Tonlé Sap et du Mékong.Le palais est un bon exemple d'architecture khmère avec son mur défensif, sa salle du trône, son temple du Bouddha d'Emeraude, ses stupas, des flèches imposantes et des peintures murales. Le palais royal couvre une superficie de 174 870 mètres carrés.
La salle du trône
C'est l'endroit où les confidents du roi, des généraux et officiers royaux se réunissaient autrefois. Elle sert encore aujourd'hui pour les cérémonies religieuses et royales (couronnements et mariages).
Le pavillon du clair de lune
C'est un pavillon en plein air qui sert de scène pour la danse classique khmère. Il a été construit en 1913-14 sous le roi Sisowath.
La pagode d'Argent
Il s'agit d'un temple royal. Elle abrite de nombreux trésors nationaux comme des statues de Bouddha en or et en pierres précieuses : les plus remarquables, le " Bouddha d'Emeraude " du Cambodge date du XIXème siècle, elle est en cristal de Baccarat. et le Bauddha Maitreya en or incrusté de diamants.
Pendant le règne du roi Sihanouk dans la période pré-Khmer rouge, la pagode d'Argent a été pavée de plus de 5 300 carreaux d'argent.
La porte de l'enceinte de la pagode.
Les murs entourant la pagode sont recouverts de fresques représentant des épisodes de l'histoire Khmère.
Le Palais Khémarin qui permettait au souverain de descendre d'un éléphant.
Le pavillon Chanchhaya dispose d'un balcon utilisé comme plate-forme pour observer les défilés le long du boulevard Sothearos.
Le pavillon Napoléon III, situé à gauche de la salle du trône, a été offert par Napoléon III au roi Norodom en 1870.
Trois stupas royaux du XXème siècle renferment les cendres des grand-parents et arrière grands parents de Norodom.
Juste avant la sortie, une exposition des différents sièges et lits des rois et princes.
Nous terminons cette dernière journée à Phnom Penh en nous balladant sur le quai.
Les tuktuk à vélo sont au repos.
Retour à l'hôtel pour des parties de billard. Anne-Marie l'emporte 2 parties à 1.
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